Des créneaux diversifiés pour le blé ten Des créneaux diversifiés pour le blé tendre
Dominique Pétillon vend ses blés de qualité via trois circuits de commercialisation.
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A cause de la disparition de l'abattoir de Chartres et des bouchers qui achètent directement leur viande aux grossistes, l'élevage ovin a complètement disparu de la ferme des Bulas, propriété de la famille Pétillon depuis maintenant trois générations. L'exploitation est située au coeur d'Houville-la-Branche, un petit village de 500 habitants, dans l'Eure-et-Loir.
Dominique Pétillon cultive 450 hectares avec sa femme, leur fils et un salarié à temps plein. Il produit de la betterave, du colza, de l'orge, du maïs, de la pomme de terre, du pois, et a développé une pépinière de pommiers. Mais l'exploitant se concentre principalement sur le blé, première production de la ferme, avec un objectif de qualité.
Depuis la création de la SCEA en 1988, les anciens bâtiments d'élevage ont été réaménagés pour pouvoir stocker le parc de machines agricoles. Aujourd'hui, ils servent aussi au stockage de la récolte, afin de garder la maîtrise des ventes.
Valeur ajoutée pour la production de semences
Les 210 hectares de blé tendre sont destinés à la production de semences et à la meunerie. La multiplication, activité que Dominique tient de son père, occupe 30 hectares. C'est une des composantes de la stratégie de qualité développée par Dominique. La prime de multiplication est fixée à 36 €/t dans les contrats avec la coopérative ou la maison de semences, soit un prix de vente de 216 €/t.
La production de semences implique de la rigueur, puisque l'agriculteur sème sans labour derrière la pomme de terre, le colza ou le pois et qu'il y a, bien sûr, un itinéraire spécifique. Ceci sans oublier les contraintes, notamment le nettoyage de la moissonneuse-batteuse et des remorques entre chaque variété, l'impossibilité de récolter les tours des champs et l'obligation de produire des graines propres, pures et indemnes de maladies.
Par ailleurs, le producteur cultive trois variétés spécifiques pour la meunerie. Malgré son ancienneté, Camp Rémy, blé panifiable supérieur (BPS), est encore cultivé, car c'est « un blé dont la farine est recherchée pour la fabrication de pains spéciaux ». En qualité de blé améliorant, Galibier est produit sur 30 ha. Enfin, le BPS Apache (20 ha) est demandé par le meunier local.
Pour la première variété, Dominique parvient à 14 % de taux de protéines et à 15,5 % pour Galibier. Il cultive par ailleurs 70 ha de blé panifiable (mélange de trois variétés) à un taux moyen de 11,7 % de protéines, avec des réfactions en dessous de 11,5 %.
Trois filières de commercialisation
Pour Camp Rémy, l'agriculteur travaille en vente directe avec un meunier du nord de la France. Ce dernier livre les boulangeries régionales et est reconnu pour sa recette spéciale de pain à farine blanche. « Il y a vingt-cinq ans, je livrais déjà ma récolte à un fournisseur de ce meunier, à une vingtaine de kilomètres de chez moi, raconte Dominique. C'est lui qui m'a appris à faire de la qualité et m'a incité à produire cette variété. »
Lorsque celui-ci a pris sa retraite, il y a une quinzaine d'années, l'agriculteur a souhaité continuer à en produire en livrant directement au meunier. C'est comme ça qu'il s'est essayé à la vente directe. « Maintenant, nous travaillons en parfaite confiance l'un envers l'autre », affirme-t-il. Les marges sont plus intéressantes en procédant ainsi, non seulement pour moi, mais aussi pour le meunier. » Le producteur est convaincu de l'avantage de ce circuit de commercialisation.
Camp Rémy est vendu 60 euros de plus à la tonne qu'un blé classique. Il y a vingt-cinq ans, Dominique n'en produisait que sur 20 ha. Il n'ira pas plus loin que les 60 ha actuels, car « c'est un vieux blé, dur à moissonner et très sensible à la verse, ce qui oblige à l'utilisation de deux raccourcisseurs ».
La commercialisation de Galibier et d'Apache se fait directement après la récolte, à la coopérative, sous forme de contrats. « Pour le blé meunier classique, je vends au plus offrant, sans contrats : au négoce, à la coopérative ou même à des courtiers, précise l'agriculteur. Lorsqu'on stocke la marchandise chez soi, il est plus facile de profiter des opportunités. »
Depuis une dizaine d'années, Dominique pratique la vente à prix ferme pour sécuriser ses revenus à cause de la grande volatilité des prix. « Je le fais de plus en plus, précise-t-il. L'année dernière, j'ai engagé 60 % de ma récolte avant de l'avoir semée. »
En écoutant les médias et en lisant la presse agricole, l'exploitant se tient informé des cours pour prendre ses décisions d'engagement, même si c'est « comme au poker », comme il le dit en souriant. Mais il n'a pas encore testé les marchés à terme.
Points forts | Points faibles |
• Souplesse pour la commercialisation grâce au stockage. • Marge brute supérieure grâce à la qualité et à la vente directe. • Dispersion des risques. |
• Charge de travail importante. • Variétés plus «fragiles». • Technicité plus complexe. |
Deux sites de stockage
Dominique Pétillon possède deux bâtiments pour le stockage du blé tendre, du blé dur, de l'orge et du maïs. L'installation comprend un stockage en vrac de huit cases, d'une capacité de 200 tonnes chacune, utilisées pour les semences et l'allotement des différentes variétés. « Les meuniers apprécient de recevoir des variétés bien isolées », précise-t-il.
Le producteur dispose également d'un vieux silo de douze cellules équipées d'un système de séchage. Le système n'est que très rarement utilisé pour le blé. Le silo sert à conserver des variétés meunières classiques, puisque le problème des mélanges ne se pose pas dans ce cas de figure.
Dominique n'applique pas d'insecticides sur le grain lors du stockage, comme l'impose le cahier des charges des meuniers, mais désinfecte les locaux avant la moisson.
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